La police enquête sur la dernière lettre d’un Poilu

Article paru sur le Midi Libre le 18 février 2018

Les forces de l’ordre de Marseille se sont lancées dans une enquête tout aussi insolite qu’historique. Depuis la découverte de la dernière lettre d’un soldat de la guerre de 1914-1918 lors d’une enquête sur un cambriolage, ils se sont mis en quête de ses descendants et de ceux de son destinataire.

La police marseillaise a lancé sur les réseaux sociaux une enquête insolite, après la découverte de la dernière lettre d’un poilu, lors d’une perquisition. Et des dizaines de généalogistes amateurs sont déjà sur les traces de ce soldat mort sur le front en 1915.

Tout part d’une perquisition

Tout a commencé par une perquisition, dans le 5e arrondissement de Marseille, dans le cadre d’une affaire de cambriolage. Parmi les objets saisis, une lettre du 27 mai 1915 signée Jean Soulagnes, un poilu engagé sur le front de la Somme, lettre adressée à son « seul ami », Jean Audiffen.

« Cette lettre a évidemment éveillé notre curiosité, et nous nous sommes dit que ce serait bien de la restituer à son propriétaire légitime », explique le major Arnaud Louis, chargé de communication à la Direction départementale de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône.

Un courrier émouvant

« Je m’adresse à vous comme au meilleur, au seul de mes amis », écrit ce soldat, sergent-fourrier au 73e régiment d’infanterie, avant de partir « dans deux heures pour une destination incertaine où doivent se passer de grandes choses ».

Et le matricule 3336 de demander un ultime service à son ami Jean Audiffen : « Je connais votre coeur et je n’hésite pas à lui faire un appel suprême: vous ne refuserez pas le pénible service, en cas d’événement grave, d’avertir ma famille et ma fiancée qu’avant de mourir, après avoir donné ma vie au pays, mon âme ne pense qu’à eux et leur envoie mon adieu suprême ».

Enquête sur Twitter

A partir de ce courrier, les policiers marseillais se lancent sur internet. Mais la recherche ne donne rien: « C’est un vrai cluedo historique, une enquête historique, et nous n’avons pas de généalogistes », explique Arnaud Louis à l’AFP. Le policier songe alors à faire appel aux réseaux sociaux, via le compte Twitter @PoliceNat13.

Un tweet donc jeudi après-midi, avec en photo le fameux courrier, et l’enquête est lancée. Moins de 48 heures plus tard, « ce sont des dizaines d’éléments concrets » qui ont déjà été reçus », explique Arnaud Louis, « sans compter les milliers de messages de soutien ».

« L’histoire est d’autant plus poignante que nous nous sommes rendus compte, via le site Mémoire des hommes, du ministère des Armées, que ce soldat est mort deux semaines plus tard, le 8 juin », à Hebuterne (Pas-de-Calais), explique Arnaud Louis, qui a aussi posté sur Twitter la fiche de ce soldat de 24 ans, né à Marseille.

« Nous centralisons les informations qui nous sont transmises, et nous avançons rapidement », se félicitait Arnaud Louis samedi, sur les traces de Jean Soulagnes, Jean Audiffen et leurs descendants.

De nombreux internautes se sont pris au jeu de cette enquête, n’hésitant pas à dialoguer en direct sur twitter, à donner des tuyaux, à orienter les policiers, se prenant de passion pour l’histoire.

….. (Voir tweets sur Midi Libre) …..

Et les choses avancent si vite que dès samedi soir, la police de Marseille annonçait aux internautes enquêteurs, toujours sur Twitter, qu’elle avait déjà retrouvé un descendant du Sergent Soulagnes. La belle histoire va donc se poursuivre !

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